Guinée et Élaboration de Notes aux décideurs.
Présentation du document
Le rapport présente d’abord les discours d’ouverture de Madame la Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime de la Guinée et du Directeur Général du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura. Il décline ensuite la présentation du projet GREPPAO et de l’état d’exécution des différentes composantes. La présentation de M Moustapha DEME sur l’économie des pêches en Guinée a ensuite suivi. Les résultats de recherche générés par le CNSHB dans le cadre du projet GREPPAO sont ensuite présentés traitant des aspects portant sur les enjeux de la consommation de poisson en Guinée, l’économie des petits pélagiques et les impacts de la pêche migrante. La synthése des discussions et les recommandations formulées sont présentés en dernier lieu.
Remerciements
La coordination de l’action GREPPAO remercie l’ensemble des partenaires et experts qui ont participé à l’atelier de Conakry sur la présentation des résultats GREPPAO/Guinée et Notes aux décideurs politiques. Elle remercie très chaleureusement Mme la Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime de la Guinée d’avoir bien voulu présider cet atelier ainsi qu’à tout son cabinet.
La coordination du projet GREPPAO remercie particulièrement le Directeur Général du CNSHB, Dr Ousmane Tagbé Camara, et le coordinateur du projet en Guinée, M Mohamed Soumah pour l’organisation et la réussite de l’atelier. Ces remerciements s’adressent aussi à M. Moustapha DEME coordonnateur de la composante dialogue politique du projet et à toute l’équipe de recherche et administrative GREPPAO/Guinée, particulièrement à M Soumah, Prof. Alkaly Doumbouya et M Diallo pour la qualité de leurs présentations et leur participation active aux discussions.
La rédaction de ce rapport a été facilitée par la contribution des rapporteurs, M. Fodé Karim Kaba, M Mohamed Sangaré et Mme Yayo Amalatchy.
Séances de travail
L’atelier de présentation des résultats de recherche GREPPAO / Guinée sur les enjeux socioéconomiques des petits pélagiques en Guinée et notes aux décideurs s’est déroulé à l’hôtel Rivéria Royal de Conakry le mardi 26 Juillet 2022. Il a enregistré plus de 50 participants, notamment les représentants de différents ministères (Pêche, Economie, Environnement, Plan), des institutions de recherche, des organisations socio-professionnelles (pêche, mareyage, transformation artisanale). La liste des participants est présentée en annexe 1 et l’agenda de la réunion décliné en annexe 2.
Séance d’ouverture
L’atelier a débuté à 09h avec le mot de bienvenue prononcé par Dr Ousmane Tagbé CAMARA, Directeur Général du CNSHB. M CAMARA a commencé son allocution par remercier l’ensemble des partenaires et invités venus participer à l’atelier. Il a ensuite rappelé le contexte de mise en place du projet GREPPAO et les importants résultats de recherche que le CNSHB a obtenu au cours des 3 années de mise en œuvre du projet. Des résultats de recherche qui portent sur les enjeux nutritionnels du poisson, sur les flux des poissons pélagiques et sur la gestion de la pêche migrante en Guinée. M le Directeur Général a conclu son allocution en rappelant l’importance de cet atelier de dialogue politique et les notes aux décideurs qui vont en découler. Lesquelles notes mises à disposition des décideurs, pourraient contribuer à la durabilité des stocks de poissons pélagiques en Guinée, à la sécurité alimentaire des populations guinéennes et à l’amélioration des moyens d’existence durable des acteurs de la filière.
L’allocution du Directeur Général a été suivie du discours de la Ministre. Mme Charlotte DAFFE qui a souhaité la bienvenue aux participants et magnifié la tenue de l’atelier de présentation des résultats de recherche GREPPAO / Guinée. Dans son discours, Mme la Ministre a rappelé la contribution importante du secteur de la pêche à l’économie guinéenne, à la sécurité alimentaire nationale, à la création d’emplois et de génération de valeur ajoutée. Mme la Ministre a apprécié les résultats du projet GREPPAO et les informations utiles fournies par les chercheurs sur le commerce, la sécurité alimentaire et l’amélioration des filières de petits poissons pélagiques en Guinée. Mme Charlotte DAFFE est revenue dans son discours sur l’importance du concept de dialogue politique adapté par le projet GREPPAO. Elle reste convaincue que la mise en place de cet espace de concertation permettra de renfoncer la base de partenariat, de coopération technique et scientifique entre les différentes parties prenantes impliquées dans la gestion des ressources de petits pélagiques côtiers. Enfin, Mme la Ministre a adressé de vifs remerciements aux partenaires techniques et financiers du projet, notamment l’Union européenne, la Communauté Économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Université de Portsmouth et aux structures de coordination régionale et nationale. Mme la Ministre clôt son discours par rassurer que le concept de cet atelier cadre bien avec les nouvelles orientations de la politique du Gouvernement guinéen conciliant la gestion durable de ses ressources au développement socioéconomique des communautés. Telle est la vision de son Département engagé dans le processus d’élaboration d’une stratégie nationale d’Économie Bleue et un Plan stratégique halieutique pour les cinq (5) prochaines années.
Séance de présentation du projet GREPPAO et de l’état d’avancement - Dr. El hadj Bara DEME
Dr. Dème a commencé son exposé par une présentation générale du projet GREPPAO. Ainsi, il a précisé que GREPPAO est financé à hauteur de 1,6 millions d’Euros par la Commission européenne par l’entremise du Programme PESCAO. Il est coordonné par l’Université de Portsmouth en partenariat avec des institutions de recherche et universitaires africaines et en collaboration avec les deux commissions sous régionales des pêches notamment la CSRP et le CPCO. Dr. El hadj Bara est aussi revenu sur la présentation des objectifs du projet GREPPAO qui est de contribuer à la réalisation de l’objectif global du Programme PESCAO en vue d'améliorer la contribution des ressources halieutiques au développement durable, à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté en Afrique de l'Ouest. De manière spécifique, le projet GREPPAO vise à améliorer la contribution des pêcheries de petits pélagiques transfrontaliers à la sécurité alimentaire des populations ouest-africaines, à augmenter la valeur ajoutée créée tout au long de la filière halieutique spécifique aux petits pélagiques et à contribuer à la gestion des pêcheries migrantes relatives à ces ressources.
Ensuite, le point focal du projet a présenté l’état d’exécution du projet GREPPAO. Il a fait une revue des rapports nationaux et régionaux produits dans les différentes tâches de recherche du projet, notamment sur les flux présents et futurs d’approvisionnement et de consommation de poisson, sur la création de la valeur ajoutée le long des filières propres aux petits pélagiques, sur la définition du coût et du bénéfice sociétal de chaque filière et les modes opératoires des pêcheries. Sur toutes ces thématiques citées, chaque partenaire a fourni un rapport disponible sur le site web. Des rapports de synthèse régionaux sont aussi rédigés et disponibles. Dr. Dème a noté aussi que dans le cadre de la valorisation de ces rapports d’étude, plus de 25 articles scientifiques ont été publiés par les différentes équipes de recherche du projet GREPPAO. Plus d’une quinzaine d’autres articles sont en cours de publication. Le projet, en partenariat avec la revue Belgeo et Mondes en Développement prépare deux numéros spéciaux sur l’économie des petits pélagiques en Afrique de l’Ouest et sur les enjeux de la consommation de produits halieutiques dans l’espace CEDEAO. Ces publications ont été rendues possibles par d’importantes activités de renforcement de capacité conduites par le projet depuis 2019. Ces formations ont porté sur la rédaction scientifique, la gestion des références bibliographiques, la gestion des bases de données et la valorisation des travaux scientifiques sur les plateformes telles que Researchgate et Google Scholar.
Dr. Dème a fini sa présentation en soulignant que c’est la somme de tous ces résultats qui ont permis de disposer suffisamment d’inputs / informations pour entamer et animer l’atelier de dialogue politique en Guinée et tous les autres qui vont suivre dans les sept autres pays partenaires.
Séance de présentation de l’objectif de la composante 2 GREPPAO « Dialogue politique »
M. Moustapha DEME, coordonnateur régional de l’activité Articulation entre la recherche et les politiques publiques a présenté les objectifs du dit atelier. Il a rappelé les objectifs de l’atelier, les modalités de sa mise en œuvre et les importantes connaissances générées par le projet GREPPAO.
Ces connaissances acquises devant être partagées avec toutes les parties prenantes de la chaine de valeurs des pélagiques côtiers. La création d’espaces de dialogue recherche-politiques publiques nationaux et régionaux a été adoptée. L’atelier organisé par le CNSHB, comme tous les autres qui suivront dans les sept autres pays partenaires du projet, rentre dans cette vision.
Conférence sur l’économie de la pêche en Guinée – M. Moustapha DEME
Monsieur Moustapha DEME, chercheur à ISRA/CRODT a présente les impacts socio-économiques de la pêche en Guinée. Il a pris le soin de rappeler que les résultats présentés ici sont tirés d’une étude commanditée par le projet PRAO en 2018. A cet effet, M. DEME est revenu sur le contexte de l’étude en mentionnant le manque de reconnaissance et de visibilité du secteur de la pêche dans l’économie guinéenne dont les conséquences sont une faible dotation budgétaire, une faible représentation des parties prenantes de la pêche dans l’aménagement du territoire (gestion des zones côtières) et une faible prise en compte de la pêche dans les Documents de stratégie de réduction de la pauvreté. Au-delà des indicateurs physiques de la production, la palette d’indicateurs a été élargie à la génération de valeur ajoutée et la contribution de la pêche au Produit Intérieur Brut (PIB) et aux aspects liés à la création d’emplois, à la sécurité alimentaire, à l’équilibre de la balance commerciale, à la contribution au budget de l’État, aux moyens d’existence durables des communautés de pêche et à la réduction de la pauvreté.
M. DEME a conceptualisé tous les indicateurs en insistant particulièrement sur les types de données nécessaires pour leur construction et les sources potentielles de ces données. Pour une disponibilité apparente de 258 262 tonnes de produits halieutiques en Guinée en 2017 et une population de 12 000 000 d’habitants, la consommation per capita est de 21.5 kg de poisson marin. La croissance démographique (2,8% en 2016), l’état de surexploitation de certains stocks halieutiques, le report de l’effort de pêche d’unités de pêche artisanale vers les ressources démersales côtières destinées au marché d’exportation constituent cependant de sérieuses menaces sur la sécurité alimentaire.
Forte intensité de main d’œuvre, la pêche fournit globalement près de 237 241 emplois dont près de 83% relèvent des activités post-capture liées en grande partie à la pêche artisanale. Ce qui correspond à 12,1% de population active. Un travailleur actif guinéen faisant vivre en moyenne 7 personnes, près de 1,6 millions d’individus tirent leurs moyens d’existence de la pêche.
La valeur ajoutée dégagée par la pêche guinéenne en 2017 est estimée à 3 193 milliards de GNF dont 2 207 milliards de GNF sont tirés du segment de la production, 355.5 milliards de GNF du mareyage, 450 milliards de GNF de la transformation artisanale, 93.4 milliards de GNF des exportations et 87,4 et 87.4 milliards de GNF des recettes fiscales. La valeur ajoutée pêche représente 5.9 % du PIB de la Guinée évalué à 54 478 milliards de GNF en 2017. Ce qui est au-dessus des 1814 milliards de GNF estimée par l’Institut Nationale de la Statistique (INS) dont l’évaluation du PIB pêche est centrée exclusivement sur le secteur primaire, c’est-à-dire dans celui de la production stricto sensu.
Pour des exportations de 9 801 tonnes de produits halieutiques en 2017 d’une valeur commerciale de 346 milliards de GNF et des importations estimées à 19 059 tonnes pour 191 milliards de GNF, la balance commerciale du secteur de la pêche est excédentaire de 155 milliards de GNF. Le solde commercial de la pêche reste cependant plombé, entre autres, par une exportation en l’état des produits halieutiques et la perte en 2007 de l'agrément d'exportation de poisson vers l'Europe.
En 2017, les redevances tirées de la pêche se chiffrent à 87.4 milliards de GNF dont près de 75% relèvent des seules licences et permis de pêche (65.5 milliards GNF). Les investissements majeurs réalisés ont porté essentiellement sur les infrastructures d’accostage et de débarquement, de stockage, de conservation et de fabrique de glace, de transformation des produits halieutiques, de dépôts d’avitaillement et d’ateliers de réparation et d’équipements de recherche et de surveillance des pêches.
En termes de lutte contre la pauvreté, la pêche est pourvoyeuse de protéines animales aux populations pauvres et de métiers à faibles barrières à l’entrée en termes de capital, de qualification et de savoir- faire et accessibles aux couches sociales les plus démunies. Les revenus mensuels des pêcheurs artisans guinéens sont nettement supérieurs au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 400 000 GNF et à ceux de certaines catégories socio-professionnelles de l’administration publique guinéenne. Il a été documenté que la pêche artisanale fixe les communautés de base le long du littoral et atténue par la même occasion les importants flux humains vers les grands centres urbains. Elle reste un filet de sécurité et de stabilité sociale et constitue une composante essentielle du développement rural.
Séance de présentation des résultats de recherche GREPPAO / CNSHB
Trois présentations ont été effectuées par les chercheurs GREPPAO / CNSHB. Ces présentations ont porté sur les enjeux de la consommation de poisson en Guinée, sur l’économie des pêcheries de petits pélagiques et sur la pêche migrante en Guinée.
Enjeux de consommation de poisson en Guinée
M Boubacar Diallo a présenté les travaux de recherche sur les enjeux de consommation de poisson en Guinée. Ainsi, l’analyse a été faite en compilant les données nationales sur les captures, l’aquaculture et le commerce extérieur de poissons en Guinée. Selon M. Diallo, le recours aux bases de données du Centre National des Sciences Halieutiques de Boussoura (CNSHB), de la Direction Nationale de la Pêche Maritime (DNPM), de l’Office National de service Sanitaire des produits de Pêche et d’Aquaculture (ONSPA), de la Direction Nationale de la Pêche Continentale (DNPC), de l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANAG) et de l’Institut National de la Statistique (INS) a permis de compiler toutes ces informations sur la période 2008 - 2017 et de pouvoir ainsi calculer l’offre nette et la consommation per capita. De 2009 à 2018, pour disponibilité apparente de 220 000 tonnes, la consommation per capita est estimée à 21,5 kg. Les mesures de repos biologique établies depuis 2015 ont impacté positivement les potentiels halieutiques et par ricochet les niveaux de captures et de consommation.
Économie des petits pélagiques en Guinée
M. Mohamed Soumah a présenté les travaux de recherche sur l’économie des petits pélagiques en Guinée. M. Soumah est revenu largement sur la contribution importante des petits pélagiques en Guinée. Dans sa présentation, il a détaillé l’approche méthodologique et le processus de collectes des données qui ont permis d’aboutir aux résultats. Les données sur la rentabilité des unités de pêche et les activités post-capture ont été tirées en partie de la base de données du CNSHB. Des enquêtes de terrain ont été conduites de janvier à décembre 2019 dans les différents sites de pêche du pays pour actualiser certaines données et compléter les informations manquantes. En termes de résultats, six groupes ethniques guinéens (Soussou, Malinké, Baga, Peulh, Landouma et Nalou) exploitent les petits pélagiques côtiers dans la ZEE nationale. Les trois premières ethnies dominent largement le secteur sédentaire des petits pélagiques et représentent plus de 90% des acteurs. La production de la filière sédentaire est estimée en moyenne annuelle à 51 250 tonnes sur la période 2014 - 2018 pour une valeur commerciale de 25 millions d'Euros. La production est dominée par deux espèces notamment le Bonga et la Sardinelle. Globalement, en termes de valeur ajoutée, la filière sédentaire des petits pélagiques génère en moyenne 60 millions d'Euros répartis entre les propriétaires des moyens de production, les pêcheurs de marée, les femmes transformatrices et l'État. Plus de 40% de cette valeur ajoutée est générée par le segment de la pêche. Ils sont suivis par le commerce du poisson et la transformation artisanale avec des valeurs ajoutées annuelles estimées respectivement à 19, 5 et 15, 6 millions d'Euros. Le coordinateur national du projet GREPPAO en Guinée a fini sa présentation en soulignant que malgré cette importante contribution du secteur des petits pélagiques à l'économie guinéenne, l'absence de produits transformés à haute valeur ajoutée, d'investissements dans la formation industrielle et d'orientations stratégiques inhibent le potentiel économique du secteur de la pêche en Guinée.
Impacts de la pêche migrante en Afrique de l’Ouest
Professeur Alkaly Doumbouya a commencé par conceptualiser la pêche migrante et leur importance en Guinée. Sa présentation a été particulièrement axée sur l’importance de la filière migrante léonaise ciblant les petits pélagiques en Guinée. Il a décliné la méthode de travail qui a consisté dans un premier temps à quantifier les volumes des captures les unités de pêche léonaise puis à déterminer leur mise en marché ainsi que leur valeur marchande. Les enquêtes de terrain réalisées au niveau des débarcadères et la littérature scientifique disponible ont permis de disposer des informations socio- culturelles sur les pêcheurs léonais ainsi que les volumes et valeurs des captures sur la période 2014 - 2018 et leur éclatement sur les marchés nationaux et étrangers. Ainsi, les trois ethnies léonaises qui ciblent les petits pélagiques dans l’espace maritime guinéen ont été identifiées. Parmi les 8021 pêcheurs léonais présents en Guinée plus de 68 % sont de l’ethnie téminé, suivie par les ethnies soussous et mandenyi. Il ressort également de l’analyse socio-culturelle une intégration réussie des pêcheurs léonais en Guinée. L’analyse des captures montre que ce sont quelques 38 500 tonnes de poissons pélagiques qui sont capturées annuellement par les unités de pêche migrantes léonaises pour une valeur annuelle moyenne estimée à 18 250 000 €. L’analyse de la mise en marché des captures léonaises montre qu’un tiers de la production est écoulé sur les marchés à proximité des sites de débarquement (Katcheck, Kamsar, Koukoudé, Matakang) et les deux tiers font l’objet de transformation artisanale puis distribués sur le marché local et les marchés léonais. Sur le plan technique, les pêcheurs migrants léonais utilisent les mêmes types d’unités d’exploitation que les autres communautés et fréquentent les mêmes zones de pêche et sites de débarquement. N’étant pas soumis à une taxe spécifique, ils ont accès aux mêmes ressources et infrastructures sociales de base que les pêcheurs guinéens. Prof. Doumbouya souligne que cette pêcherie migrante léonaise dans les eaux guinéennes n’est pas sans impact. En effet, les impacts positifs sont à apprécier par le biais de transfert de technologie et de techniques de pêche, mais également par leur contribution à la sécurité alimentaire nationale et quelques retombées économiques. Le seul impact négatif noté est lié à l’existence de conflits mineurs avec les pêcheurs nationaux parce que fréquentant les mêmes aires de travail. Prof. Alkaly Doumbouya clôt sa présentation en soulignant l’impérieuse nécessité d’une gestion concertée des conflits entre communautés migrantes et autochtones.
Séances de discussion sur les résultats de recherche GREPPAO et recommandations
Plusieurs points sont ressortis des discussions et des recommandations ont été tirées. Monofilament, au cours des discussions, la question de l’interdiction des monofilaments depuis Janvier 2022 par décret présidentiel a été soulevée par les associations de pêcheurs et les impacts que cela a dans la rentabilité de leur activité. Ainsi, ils notent que cette décision non consensuelle aura des impacts sérieux sur l’approvisionnement du marché local en poisson et la filière de la transformation artisanale en matière première. De leur point de vue, la consommation par individu pourrait baisser avec la réduction des activités de pêche. L’usage du monofilament et son interdiction a fait l’objet de discussion entre les différentes parties prenantes de l’atelier. Il ressort globalement des discussions que cette interdiction des monofilaments en Guinée s’est faite dans la précipitation sans aucune mesure d’accompagnement et de compensation des pêcheurs. La conséquence directe est la baisse des activités de pêche sur le premier semestre 2022 et la chute des revenus des pêcheurs. Suite aux discussions, les recommandations suivantes ont été formulées :
Évaluer les pertes liées à l’interdiction des monofilaments et les compenser par des divers mécanismes possibles notamment la subvention sur le carburant, la détaxation des équipements de pêche, ou encore une subvention à accorder aux pêcheurs pour le remplacement des monofilaments.
Pour une efficacité de la mesure, il sera nécessaire d’interdire aussi l’exportation des monofilaments en Guinée. Les experts pensent que tant que les monofilaments sont commercialisés sur le marché, les pêcheurs les achèteront. De leur point de vue, il va falloir aussi développer un système de surveillance plus efficace en mettant en contribution les mouvements associatifs des acteurs de la pêche.
Pour une acceptation sociale de l’interdiction auprès des communautés de pêcheurs, il est nécessaire que le Ministère de la pêche à travers ces démembrements et en collaboration avec la recherche conduisent d’importantes activités de communication afin de sensibiliser les pêcheurs sur les impacts nocifs des monofilaments sur l’environnement.
La consommation, les différents intervenants ont noté que la Guinée présente une consommation par individu supérieure à la moyenne ouest-africaine malgré une croissance démographique de 2,5% par an ces dernières années. Les discussions ont été orientées sur un ensemble de recommandations à mettre en œuvre afin d’améliorer la consommation de poisson en Guinée :
Réduire drastiquement les pertes post-captures importantes enregistrées et améliorer la qualité des produits et la chaine de froid. Pour ce faire, il est nécessaire de développer des outils de bonnes pratiques. Ces outils de bonnes pratiques doivent être accompagnés d’une approche pédagogique simple à vulgariser auprès des acteurs de la pêche, du mareyage et de la transformation artisanale.
Les crises politiques en Guinée ont été peu favorables à l’application des textes relatifs à la gestion des stocks halieutiques. Qui plus est l’absence d’infrastructures, d’équipements et d’insécurité ne permettent pas le développement d’un circuit commercial efficace. Ainsi, il est clair que maintenir la stabilité sociale en Guinée permettrait d’assurer l’exécution des mesures d’aménagement des pêcheries et améliorer la consommation de poisson.
Sur la valeur ajoutée, l’analyse des différents indicateurs ont fait ressortir de fortes opportunités pour le secteur halieutique guinéen sur les marchés intérieur, régional et international. Dans le contexte actuel, il ne s’agit plus de produire d’avantage mais de valoriser au mieux les quantités actuelles produites. Pour cela, les pouvoirs publics doivent :
Mettre aux normes l’industrie halieutique et accompagner d’avantage les professionnels de la pêche dans leurs efforts d’équipement.
L’autre indication est le besoin de mieux intégrer la pêche étrangère dans l’économie nationale pour d’avantage engendrer des valeurs ajoutées industrielles locales conséquentes, aider à la consolidation des emplois, contribuer à la sécurité alimentaire du pays et la fourniture de devises.
L’approche chaine de valeurs doit être adoptée pour bien cerner les retombées économiques et sociales de la pêche. En plus de la production halieutique, toutes les activités post-capture (le mareyage, la transformation artisanale, la transformation industrielle et les exportations) comme les activités périphérique (charpenterie, mécanique moteur hors-bord) et les recettes fiscales générées par la pêche doivent être intégrées à l’analyse.
La pêche migrante, devenue une partie intégrante de la pêche en Guinée en contribuant significativement à la sécurité alimentaire, à la création d’emplois et à l’économie nationale, doit davantage être encadrée. Cela passera par :
Dissocier dans les statistiques nationales, les captures des pêcheurs sédentaires et celles des pêcheurs migrants. Cela permettrait d’avoir une vision claire et transparente de la pêche migrante en Guinée et de pouvoir les encadrer plus efficacement.
Les captures des pêcheurs migrants doivent en priorité approvisionnées le marché national. Ainsi, il est recommandé le développement de mécanismes permettant aux pêcheurs migrants d’écouler leur produit sur le marché local ou d’exportation guinéen.
Séances de clôture de l’atelier
La séance a été clôturée officiellement avec le discours du Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime représenté par le Conseiller juridique qui a remercié les participants de la qualité des présentations et débats. Il a noté qu’au regard des objectifs fixés, il y a lieu de se réjouir du fait que cet atelier a comblé les attentes des uns et des autres. Tout en rassurant que le Département de la Pêche et de l’Économie Maritime s’appropriera des notes aux décideurs qui en découleront. Le conseiller juridique a souhaité disposé du rapport de notes de politique publiques pour les soumettre pour examen à la Direction des Pêches et au Cabinet du ministère.
Au nom de Mme La Ministre de la Pêche et de l’Économie Maritime, le Conseiller juridique a souhaité aux participants, un bon retour dans leurs pays et localités respectifs, avec le ferme engagement d’œuvrer à la mise en œuvre des conclusions et recommandations. C’est ainsi qu’il a déclaré clos, l’atelier de partage des résultats de la recherche GREPPAO / Guinée et notes aux décideurs.
Annexe 1 : Liste des participants à l’atelier de présentation des résultats de recherche et notes aux décideurs publics
Annexe 2 : Agenda de l’atelier de présentation des résultats de recherche et notes aux décideurs publics
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